"J'ai besoin de m'abreuver à la fontaine d'où je coule de source", Serge Doubrovsky. "La mienne, se trouve quelque part en bordure d'un
maquis où les fleurs disputent de parfum et les arbres de dignité", Anne-Marie Sambroni.
Les photographies des albums sont personnelles. Par contre, certains clichés qui illustrent les articles ont été empruntés sur la toile. Si le propriétaire de ces illustrations me
le demande, je les supprimerai.
Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.
Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.
Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
À cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.
Maurice Carême
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine (1844-1896)
Aghju in core u celu d'ottobre...
Graves et distants, on dirait qu'ils vous jugent avec leurs regards qui traversent l'objectif. [...] Je les vois tous, tous ceux qui négociaient, échangeaient, obtenaient pour que notre traversée de la guerre échappe au dénuement. [...] La vie pour certains, s'est effacée de leurs traits, pourtant, ils sont là, immobiles, plus présents que s'ils s'esclaffaient, plus attentifs que si l'image était animée. Il me manque leurs voix. Le grain de certaines voix, si caractéristique, continue d'imprégner les murs qu'ils ont habités.
Cette absence, je veux dire cette absence-là, fait avorter tout dialogue. Il me reste, faute de mieux, à renouer avec ce musée intérieur peuplé de souvenirs que je visite et dont je suis le guide.
Jérôme Camilly
... comme au fil de l'eau...